Syndrome métabolique chez l’enfant

L’augmentation rapide de la prévalence de l’obésité chez l’enfant pose la question de l’identification et de la prise en charge des facteurs de risque vasculaire dans cette population, et en particulier des éléments du syndrome métabolique.

  • Définition et fréquence du syndrome métabolique chez l’enfant
    Le syndrome métabolique est une entité clinico-biologique définie par l’association chez un même individu de plusieurs anomalies métaboliques parmi les suivantes : obésité abdominale, hypertension artérielle, dyslipidémie (hypertriglycéridémie, hypoHDL-cholestérolémie), intolérance au glucose avec insulinorésistance [1].
    Chez l’adulte comme chez l’enfant, l’insulinorésistance joue un rôle-clé dans la survenue d’un tel syndrome [2]. Si chez l’adulte, il existe des normes simples permettant de repérer ces facteurs de risque vasculaire, ce n’est pas le cas chez l’enfant en raison de la variation avec l’âge et la taille, des seuils de définition pour l’hypertension artérielle, l’obésité et la dyslipidémie, et en raison de l’absence de courbes de croissance du tour de taille. De plus, il n’existe pas chez l’enfant de données épidémiologiques reliant présence d’un syndrome métabolique et risques associés, en particulier cardiovasculaires.
    Chez les adolescents américains, la prévalence du syndrome métabolique, selon la définition adaptée à l’enfant du NEPC ATPIII, est proche de 5% [3]. En cas d’obésité, elle augmente jusqu’à 20%, voire 50% en cas d’obésité sévère [4].
    En France, aucune étude pédiatrique n’a évalué à ce jour la prévalence du syndrome métabolique chez l’enfant obèse. En utilisant la même définition adaptée du NEPC ATPIII et selon les valeurs de référence françaises, la prévalence du syndrome métabolique était de prés de 14% chez 200 enfants explorés pour obésité sévère à l’hôpital Armand-Trousseau. Dans ce groupe, la répartition androïde de la masse grasse et un HDL-cholestérol < 5e P étaient les facteurs de risque les plus fréquents (80% et 20% des cas) suivis de la tension artérielle systolique et/ou diastolique > 95e P (12%), de l’intolérance au glucose (11%) et de la triglycéridémie > 95e P (9%).
    Les variations de prévalence du syndrome métabolique d’un pays à l’autre révèlent donc non seulement la nécessité d’établir des normes et une définition chez l’enfant, mais aussi le rôle probable d’autres facteurs tels que génétiques et/ou environnementaux.
  • Risques à long terme du syndrome métabolique chez l’enfant
    Chez l’adulte, la présence d’un syndrome métabolique augmente fortement le risque de survenue d’un accident cardiovasculaire. Chez l’enfant, la quantification de ce risque est à ce jour difficile en raison de l’absence d’études épidémiologiques sur la survenue des événements cardiovasculaires majeurs.
    Cependant, il existe une relation maintenant établie entre obésité dans l’enfance et risque cardiovasculaire à l’âge adulte, indépendamment de l’évolution pondérale. De plus, de récentes études ont montré qu’il existait déjà chez l’enfant obèse des troubles de la mécanique artérielle et de la fonction endothéliale qui pourraient être les premières manifestations d’une maladie vasculaire qui s’exprimera à l’âge adulte [5]. Ces anomalies artérielles sont corrélées avec les marqueurs d’insulinorésistance et inversement corrélées au HDL-cholestérol. Ces données montrent donc que, dés l’enfance, la présence des composants du syndrome métabolique pourraient déterminer en grande partie le risque vasculaire lié à l’obésité.

Conclusion
La reconnaissance d’un lien direct entre l’obésité de l’enfant et l’insulinorésistance constituants du syndrome métabolique, et le risque vasculaire à l’âge adulte justifie donc l’inquiétude que soulève l’accroissement de la prévalence de l’obésité infantile, et peut laisser craindre une recrudescence de pathologies cardio-vasculaires au cours des prochaines décennies.
Il est donc indispensable de disposer d’une définition adaptée à l’enfant pour dépister le syndrome métabolique afin de mettre en œuvre des moyens thérapeutiques adaptés, en complément de la prise en charge diététique et de la lutte contre la sédentarité.